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Un à propos au livre « La fin de l’empire colonial portugais… »

fleuve de Bafatá

Colosse aux pieds d’argile mais fierté d’une intransigeante dictature, l’empire colonial portugais s’est trouvé confronté, à compter du début des années soixante qui avait vu les grandes puissances quitter leurs colonies, à de longues guerres de libération dans trois de ses « provinces » africaines.

Celle que nous évoquons dans ce recueil de témoignages, la plus déterminante – elle avait même permis une autoproclamation d’indépendance le 24 septembre 1973 – nous l’avions suivie en Guinée-Bissau, les « Rivières de Guinée » dont le royaume du Portugal avait déjà fait explorer les côtes en 1446, avant que le traité de Tordesillas, parrainé par la Papauté, ne partage en 1494 le globe pour évangélisation entre lui et l’Espagne et ne le charge de la zone où se situait l’Afrique. Il a bien parcouru les côtes du continent, installant là tant de comptoirs de traite qu’ils ont fini par aiguiser les appétits d’autres Européens et qu’il a fallu la signature d’un nouveau traité, en 1885 à Berlin, pour y établir des règles de définition de frontières.

Une colonisation effective, avec occupation des arrière-pays, qui été très lourde pour le petit Portugal, faiblement peuplé, lequel a alors dû s’endetter au point que la République née en 1910 et vite tombée en banqueroute, a été renversée dès 1926 par des militaires. Ils ont ensuite eu recours pour la gestion coloniale à l’économiste Salazar et ont instauré avec lui, en 1933, une dictature qui sévira jusqu’au coup d’État du 25 Avril 1974, lancé par des officiers las des défaites enregistrées en Guinée-Bissau. Car les « Rivières de Guinée », pionnières des explorations, se voyaient progressivement décolonisées par la lutte d’un grand leader nationaliste, Amilcar Cabral, né en 1924 le long d’un de ces « rios» à Bafatá, de parents cap-verdiens, qui était d’ailleurs parvenu à enrôler là des combattants de ses deux pays d’origine.

Leur guerre et ses importantes retombées politiques nous seront détaillées par vingt-trois interlocuteurs, tant africains qu’européens,  parmi lesquels s’exprimeront notamment les points de vue d’Aristides Pereira, le précieux adjoint puis successeur d’Amilcar Cabral après son assassinat le 20 janvier 1973, que les indépendances mèneront à présider le Cap-Vert, de Pedro Pires, fin stratège de la lutte de libération, qui en deviendra, lui, premier ministre puis président, du charismatique guérillero guinéen Nino Vieira et aussi ceux d’Otelo de Carvalho, principal organisateur du coup d’État du 25 Avril, ou de Mario Soares, un irréductible opposant à la dictature qui a su profiter de sa chute pour guider son pays vers la démocratie.