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Bio

Quand et comment les vies des deux journalistes se sont-elles rencontrées sur le continent africain et les ont-elles conduits à écrire à quatre mains ?

Éric est arrivé à Paris en 1930 à l’âge de trois ans, ses parents ayant quitté l’URSS pour la France, à laquelle les liaient de vieilles racines puisqu’un ancêtre paternel se nommait François Pichon du Lis et était de la lignée du frère de Jeanne d’Arc. Les deux s’orienteront vers la branche information de l’agence Havas, devenue en 1944 l’Agence France Presse. C’est toutefois sans attendre ce patriotique changement de nom que le père avait quitté clandestinement son poste en Turquie pour aller travailler à Londres auprès du général de Gaulle.

Son fils œuvrera aussi pour l’AFP mais il choisira de le faire en 1952 en Afrique, occidentale et centrale, où il nouera des rapports avec de fervents nationalistes, comme le Togolais Sylvanus Olympio, le Guinéen Sékou Touré, les Sénégalais Léopold Sédar Senghor, Mamadou Dia et Cheikh Anta Diop ou le Malien Modibo Keïta. Il verra ensuite les indépendances et les difficiles démarrages de pays dessinés par les diverses occupations coloniales, hors de toute idée d’harmonisation ethnique. En mai 1968 il quittera son poste à Kinshasa (dans l’actuelle République démocratique du Congo) pour revenir vers le Sénégal, d’où avaient commencé ses multiples pérégrinations.

Photo de Mobutu discutant avec Éric Makédonsky
Éric Makédonsky et le président Mobutu, à Kinshasa

Jeanne, née Rulfo à Paris en 1940 d’un père italien, à un mois de la déclaration de guerre de l’Italie à la France, y a exercé comme rédactrice au Crédit Foncier de France avant de s’aventurer à Cervo, en Ligurie, dans le lancement d’une filiale du festival de musique classique de Menton. Puis, après six mois de réflexion vécus à la dure dans la monastique île grecque de Patmos, elle part en 1965 en créer une nouvelle en Tunisie, à Hammamet. Le projet n’aboutit pas, mais elle reste là et s’essaie au journalisme dans la presse écrite et audio. Elle a trouvé son chemin, car c’est son « journal animé » sur les ondes tunisiennes qui amènera le ministre sénégalais de l’Information, alors de passage, à lui proposer de venir en produire un identique chez lui.

 

photo de Jeanne serrant la main de Bourguiba
Jeanne Makédonsky saluant le président Bourguiba, Tunis

Ainsi Dakar, alors très secoué par son propre « Mai 68 », abritera-t-il les débuts du tandem familièrement appelé « les Maké ». Ils partiront d’abord suivre cette délicate phrase de construction de l’Afrique vers le delta du Niger avant de revenir au Sénégal pour y couvrir l’actualité de 7 pays, lui pour l’AFP et elle en freelance, surtout pour les radios européennes. Ils assisteront chemin faisant à de nombreux conflits, qu’ils soient simplement frontaliers ou bien à caractère ethnique, à des coups d’État récurrents ou, pire encore, à de longues guerres ; mais cela leur donnera l’occasion de participer à des événements marquants, émouvants, d’avoir de belles rencontres et d’apprendre à se passer mutuellement la plume au fil de leurs déplacements professionnels respectifs.

photo de groupe du bureau de AFP Dakar, pot de d'adieu
Pot de départ à l’AFP Dakar

En 1981 Éric et Jeanne Makédonsky s’apprêtent à quitter un continent où ils ont toujours exercé. Bien décidés à continuer de s’en inspirer, ils ont pris soin d’enregistrer les témoignages d’importants acteurs – tant guinéens que cap-verdiens – de la lutte de libération qu’ils avaient suivie dans les maquis de Guinée-Bissau et qui avait entraîné, en 1974, le renversement du régime dictatorial et encore colonialiste de Lisbonne. C’est dans cette capitale qu’ils comptent d’ailleurs se rendre pour les compléter en interrogeant plusieurs des artisans du coup d’État du 25 Avril  portugais.

Leur intention est évidemment de les publier et Éric s’y engage au point de demander sa mise en pré-retraite à l’AFP, qui avait prévu de lui confier la responsabilité du secteur Afrique/Asie. Ses recherches sont décourageantes, mais elles l’amènent à s’entretenir avec Denis Pryen, créateur d’une toute jeune maison d’édition tournée vers l’Afrique, L’Harmattan, lequel l’invite à concevoir et diriger une collection pour offrir une lecture vraiment accessible des divers pays du continent. Ainsi naîtra « À la rencontre de… »,dont il écrira le premier ouvrage (« le Sénégal, la Sénégambie », paru en 1987) afin de tracer la voie.

Quant aux témoignages sur la décolonisation portugaise, ils sommeilleront jusqu’en 2011. Cette année-là, en effet, l’un des anciens guérilleros qui s’y étaient exprimés, le président cap-verdien Pedro Pires, se souvient de ces lointaines interviews et contacte leurs auteurs pour qu’ils les donnent à la Fondation Amilcar Cabral à Praia. Consulté, Denis Pryen estime quant à lui qu’il serait bon de les faire paraître. Enfin !!! Ils vont alors s’y atteler avec détermination.